Jean-Michel Bertoyas Que mon chef est laid quand il dort et le nombril de sa femme est empli de ma semence

 

Vit et travaille à Lyon, France.

Voilà ce qui qui fut dit de deux livres de J.-M. Bertoyas, dans les pages du Terrier :

- sur Ducon (TerreNoire éditions) par Lucas Méthé :
Bertoyas, grand spécialiste de la BD pas normale, livre ici son livre le plus construit – il faut préciser que tout son travail apparaît comme une grande entreprise de déconstruction des codes ; ce Ducon est un de ses premiers livres (il auto-publie la plupart), ce qui explique peut-être son très relatif classicisme. Ici, il arrive à rendre très réelle l'histoire de ce petit gars nerveux dont on ne distingue jamais vraiment les formes du visage, sujet à toutes les tuiles possibles par excès d'enthousiasme ou d'inexpérience : un vrai récit d'apprentissage, en somme.
On est cependant sans arrêt sur le fil du lisible et de l'abstraction formelle (feuilleter le livre n'en dit pas grand-chose ou rien du tout). Un peu partout des traits de rebords de cases virtuelles ou saoules ; les personnages comme leurs textes ont des coulures ou des pointillés (sortes d'embranchements électriques) sur le visage ; les traits d'avant plan, d'arrière plan, de bulles, de rebords de case, sont enchevêtrés comme dans une dimension inconnue ; les situations s'enchaînent selon des desseins impénétrables (ce n'est pourtant rien en comparaison de « comix » plus récents, qui enchaînent quasiment de case en case les situations et la manière de le faire ahurissantes – Princesse, paru chez les Requins Marteaux, est déjà plus déglingué, mais on peut supposer que ce travail de déconstruction va s'amplifier jusqu'à, peut-être, une magnifique abstraction qu'on supposerait incompréhensible mais pourtant irrésistiblement drôle).
Du coup, il y a là une fraîcheur totale, une fascination comparable à certaines lectures d'enfance inintelligibles ; pour beaucoup dû à l'absence quasi-totale de référence - les emprunts à la « petite Lulu » ou autres, carrément décalqués, sont quand même largement « transcendés » et il n'en reste vraiment pas grand-chose qui pourrait nous faire savoir sur quel terrain on est.
L'humour à priori débile est contrecarré par la difficulté qu'il peut y avoir à le lire, la simplicité bonne enfant des personnages est balancée par de pleines pages de citations de Karl Marx, l'amusement n'y sacrifie pas à l'édulcoration (beau et rare rendu des sujets « prolétariat », « alcoolisme » et « enfance pourrie », entre autres) ; trop bizarre, trop « artistique » pour être « populaire », mais sans doute trop rural ou gros sabot pour plaire à un milieu artistique habitué à plus de classe. Loin de se vautrer devant la télé, les personnages de Bertoyas semblent être conscients que leurs quelques libertés peuvent servir à autre chose, et tentent d'en profiter au maximum. Très réjouissant, y compris pour les gros blasés : chapeau.

- sur Princesse (TerreNoire éditions) par L.L. de Mars :
Voilà une des choses les plus étonnantes que j'aie lues depuis un bon bout de temps : le Princesse de Jean-Michel Bertoyas est un pur joyau d'invention graphique et de foutoir narratif dont le trait de plume quitte librement le dessin pour courir sur la planche, saturer l'image, corrompre sa lisibilité ou la reconduire, par soustractions brutales, à la plus grande fluidité. Herriman (Krazy Kat) a un petit-fils très étrange et terriblement mal embouché. Toute l'oeuvre est à l'avenant et déploie de nouvelles zones de destruction systématique des conventions de la bande dessinée.
Un vrai régal et une expérience de lecteur qui laisse dans un drôle d'état.

Bibliographie récente:

  • 2005 - Princesse - Les Requins Marteaux
  • 2005 - Ducon - Terre Noire
  • 2006 - Zerlumpt - Terre Noire
  • 2006 - Libro Verde - Terre Noire
  • 2007 - Derch - Le dernier cri
  • 2007 - Le Flon - Les Requins Marteaux
  • 2010 - L'Amphigouri - Kobé Books
  • 2010 - Nicy - Kobé Books

Site

kobeblog-bertoyas.blogspot.com



L.L. de Mars Une brève et longue histoire du monde

 

Jade, entretien, extrait :
Un medium ne saurait être artistique ou pas, populaire ou impopulaire, ça n’a pas de sens. Il existe des livres populaires ou non, des peintures populaires ou non, des livres qui sont des oeuvres d'art, d'autres pas. La bande dessinée n’est pas en soi, intrinsèquement populaire ou pas [...] PLUS



Chris Reynolds Mauretania

Vit et travaille à Bournemouth, Angleterre.

Chris Reynolds publie de 1986 à 1992 une série de comic-books intitulés Mauretania Comics.

Penguin Books publie en 1990 un album original de Chris Reynolds intitulé Mauretania.

En 2005, Seth (auteur de La vie est belle malgré tout et George Sprott) consacre dans le Comics Journal un long article au travail de Chris Reynolds. Il écrit : "Chris Reynolds est l'auteur le plus sous-estimé des vingt dernières années. (...) C'est un auteur de premier plan. Unique." PLUS



Robert Varlez Séquences

 

Vit et travaille à Liège, Belgique.

Collagiste, illustrateur, formidable inventeur de ces séquences graphiques qui se déployaient régulièrement dans la défunte revue Minuit, Robert Varlez est également un éditeur et animateur de revue important (M25, l'atelier de l'Agneau). PLUS

 



Chris Reynolds
Mauretania


J.-M. Bertoyas
Que mon chef est laid quand il dort et le nombril de sa femme est empli de ma semence

Robert Varlez
Séquences
(en cours d'élaboration avec
The Hoochie Coochie)